Les consciences et sahaja
      
Synthèse d’enseignements dispensés à Yogi Ling 
par Lama Shérab
Namdreul
Esprit (sct. citta, tib. sèm) est un terme pour signifier le fait de de connaître (science, gnose) et ainsi faire expérience. C’est le propre d’un être contrairement à une chose. Cette gnose est géré par cinq processus cognitifs qu’on appelle “agrégats” (sct. skandha) et, au mieux de sa lucidité, cette gnose dispose de cinq Intelligences (1) inhérentes à l’esprit. Cet esprit, ces cinq skandhas et ces cinq Intelligences sont empèchés du fait de l’ignorance (sct. avidya, tib. ma rik pa) même de leur nature primordiale et en conséquence par les facteurs perturbateurs qui s’ensuivent : la soif, la saisie et le devenir.
Consciences
L’étymologie même de conscience (2) me permet de dire, au risque d’un pléonasme, qu’il n’y a de conscience que science (gr. gnôsis) avec (3). Cette préposition avec a une double importance phénoménologique.
  
1) Première importance
Cette préposition avec est un élément déterminant parce qu’elle représente l’instant de convergence d’une somme de causalités parmi lesquelles le karma mental (4). Cet avec est un instant où converge toute l’histoire de notre personne avec sa mémoire affective, son intelligence, sa perception, sa réactivité, sa culture, etc…
C’est au contact (sct. sparśa, tib. rèk pa) de savoir (sct. jñā, tib shé) “et-avec” aspect (tib. nam) que tout se joue. Soit l’esprit est à même de connaître, en cet “avec”, co-émergence de conscience (shé) et aspect (nam), soit l’esprit impute un “en dehors”, une altérité, en saisissant une conscience “d’avec” (5) l’aspect auquel on lui confère une objectivité réelle.
2) Deuxième importance 
Cette préposition avec détermine toute la gamme des con-sciences. Celles qui co-émergent aux aspects d’une manisfestation et celles qui modulent des Intelligences (6).
Consciences aspectives et modulatoires
Toutes les consciences procèdent de leur aptitude même de science (sct. jñāna, tib. shé) qui se présente comme base toute, ce qui est nommé par “science tréfonds” (sct. ālaya, tib.kun chi). Toutes les consciences ne se distinguent donc que par l’aspect (7) (tib. nam) avec lequel elles sont en rapport ou par l’intelligence du rapport qu’elles modulent. Ce qui fait que j’ai pris la liberté de diviser les consciences en deux : les consciences aspectives et les consciences modulatoires.
1) Consciences aspectives
Les consciences aspectives (sct. vijñāna, tib. nam shé) sont nos six consciences sensorielles qui comprend cinq sensorielles perceptives et une sensorielle dite aperceptive qui est la conscience sensorielle mentale (sct. manovijñāna). Ces consciences sont qualifiées de “sensorielles” du fait qu’à l’instant du contact s’en vient une sensation (sct. vedana, tib tsor oua) à laquelle j’agrée ou je désagrée.
Ces consciences aspectives procèdent de l’aptitude même de science. De ce fait, elles sont indifférentiables en leur nature ultime, co-émergence de connaissance-vide (tib. rik tong). De par leur nature relative, ces consciences sont distinguables et leur spécificité ne vient que de leur aspect et donc demeure relative, interdépendante, contextuelle, circonstancielle etc.
Les aspects sont les diverses expressions que prennent les six apparences connaissables (visible, audible, olfactible, gustatible, tactile et intelligible) en toutes les manifestations et en leur sphère d’expériences possibles (bardos, saṃsāra, nirvāṇa, devenir, Terres pures etc.). Par exemple, le rouge de ce tapis devant moi est, à cet instant de conscience visuelle, un aspect de l'apparence chromatique. Tout au long de la journée, cette apparence, qui est de nature transitoire, s'aspecte en conformité de causes et circonstances (relativité). L'aspect n'est pas une entité indépendant. Il est co-émergence à la science (tib. shé). Toute l'expérience de con-science est semblable à un fleuve transitoire de co-émergence aspect/science (tib. nam/shé).
2) Consciences modulatoires
Les consciences modulatoires procèdent également de l’aptitude même de science et en leur nature ultime elles sont co-émergence de connaissance-vide. Cependant, leur spécificité ne vient pas de l’aspect (tib. nam), comme pour les consciences aspectives, mais de la capacité de modulation dont peut fait preuve l’intelligence en rapport à leur domaine d’expérience. Cette capacité est exclusivement du ressort de l’individu et plus précisément de “l’état de santé” de son karma c’est-à-dire de sa gestion des cinq agrégats ou processus cognitifs. Cette gestion peut se faire avec plus ou moins d’empêchement ou de fluidité.
Saṃjñā
Parmi les consciences que je considère modulatoires il y a l’agrégat entendement (sct. Saṃjñā, tib. du shé), habituellement traduit “agrégat perception”. Ce processus cognitif est présent en tous les êtres quel que soit leur type d’existence avec plus ou moins de capacité et d’efficacité. C’est un facteur mental omni-fonctionnel (Cetanā) ce qui veut dire qu’il est constamment en œuvre plus ou moins avec intelligence. Cela peut paraître prétention, mais on estime que cette faculté cognitive est le plus utilisé chez l’homo sapiens. C’est qu’elle lui est la plus nécessaire pour répondre aux interrogations existentielles que lui suggèrent sa condition même de “sapiens” et de se savoir principalement mortel.
Saṃjñā est une conscience naturelle et omni-fonctionnelle qui ne nécessite pas d’être découverte par les progrès de la contemplation. Elle est le fait même de se savoir savoir, il faut juste en moduler l’intelligence pour en faire un usage fructifiant8 et porteur de libération, d’émancipation et d’Éveil. Saṃjñā renferme de nombreux facteurs d’intelligence, à commencer par la Raison puis le jugement, l’interprétation etc. Le domaine d’expérience de l’intelligence est le moment focal de l’entendement qui révèle tout le dilemme de l’objectivité et de l’abstraction. Cette conscience de l’entendement nécessite réflexion, analyse et contemplation. L’accomplissement de l’intelligence que suscite l’entendement est le discernement (cf. “discrimination et discernement”). L’intelligence du discernement module entre la tentative des conclusions et des extrêmes. L’accomplissement de ce discernement est donc de concilier (9) ce qui semblait paradoxale et/ou contradictoire. C’est le sens de la voie du Sahaja.
Prajñā
Joindre le discernement à la vue de la vacuité permet d’accéder aux quatre samādhis de Vipassanā et d’obtenir la Prajñā (tib. shé rab), la conscience de la vacuité. La Prajñā fait partie des consciences que je qualifie de modulatoire parce qu’elle met en jeu l’intelligence du discernement en son domaine d’expérience qu’est la vacuité signifiée par la syllabe “rab” qui signifie “excellence” en ce sens que l’excellence de tous les phénomènes c’est leur universelle vacuité de nature propre.
Dans les paragraphes suivant, j’énonce d’autres consciences et je reviens aussi, plus en détails, sur celle que je viens de commenter.
Les huit consciences
On parle couramment de huit consciences : les six consciences sensorielles aspectives (sct. vijñāna, tib. nam shé), la conscience affectée de distorsions (10) et la science tréfonds (sct. ālayajñāna, tib. kun chi yéshé) qui, s’il y a ignorance de sa nature de connaissance-vide, s’exprime comme conscience tréfonds (sct. ālayavijñāna, tib. kun chi nam shé) et se partage alors en deux : la conscience appropriative (sct. ādānavijñāna) et la conscience résultante (sct. vipākavijñāna).
Une neuvième conscience est appelée “conscience immaculée” (sct. amalavijñāna). Selon les systèmes philosophiques, nous avons encore une conscience immédiate et une conscience toute ordinaire (tib. Tha mel Shé pa). Nous pouvons encore ajouter la conscience de la vacuité (sct. prajñā, tib. shé rab), la conscience primordiale (tib. yé shé), l’entendement (sct. saṃjñā, tib. du shé).
1) Les six consciences
  sensorielles
  
Cela comprend les cinq consciences sensorielles perceptives et la conscience sensorielle aperceptive (sct. manovijñāna), le mental.
Les six consciences sensorielles se manifestent au contact (11) (sct. sparśa, tib. rèk pa) qu’est la convergence de la faculté (tib. ouangpo) sensorielle qui prend appuie sur l’organe (tib. ouang tèn) par la stimulation (12) (tib. kyé tché) de l’objet. À ce contact se joignent les quatre autres facteurs mentaux omni-fonctionnels : l’exécution mentale (13) (sct. manasikāra, tib, yid la djé pa) et l’intentionnalité (sct. cetanā, tib. sém pa) qui alimentent sensation (impression) et perception (entendement).
Par
    exemple : la conscience visuelle se manifeste grâce à la faculté (tib. ouangpo) qui prend appui sur
    l’organe (tib. ouang tèn) qu’est l’œil sous la stimulation (tib.
    kyé tché) de son objet, la
    forme (tib. zouk). De même, la conscience sensorielle
    aperceptive se manifeste grâce à la faculté (tib. ouangpo) qui prend appuie sur l’organe (tib.
    ouang tèn) qu’est le mental
    sous la stimulation (tib. kyé
    tché) de son objet, qui passe de connaissable (tib. shé dja) à connu.
    Il en va de même pour les quatre autres consciences sensorielles (auditive,
    gustative, olfactive et tactile). 
    
Je rappelle que le contact est un facteur mental où, sous la coopération de la faculté, de l’organe et de l’objet, le manifeste (14) (forme constituée des quatre Éléments) devient apparence mentale, donc le connaissable passe en connu conçu en l’espace-instant d’une conscience mentale. Le manifeste devient concevable et donc sous un aspect (tib. nam) compatible à la conscience mentale. Le contact est facteur de compatibilité qui, en dépit de réalité objective, il puisse y avoir concevabilité, ce qui se traduit par un dharma, un phénomène. Ce contact “s’exécute en le mental” (sct. manasikāra) et nulle part ailleurs.
Pour distinguer les deux facteurs omni-fonctionnels que sont l’intentionnalité (sct. cetanā) et l’exécution mentale (sct. manasikāra, je prendrai la disctinction qu’il y a entre la direction et le sens d’un vecteur. La direction pour l’intentionnalité et le sens par l’exécution mentale. L’intentionnalité est un réflexe générique tandis que l’exécution mentale offre à l’aspect (tib. nam) une spécificité que traduiront les processus (agrégats) sensation (sct. vedanā) et entendement (sct. saṃjñā).
La conscience sensorielle mentale
On
    a l’habitude de dire que les cinq consciences sensorielles perceptives sont
    connectées à la conscience mentale aperceptive. Personnellement, je ne pense pas
    qu’il y ait à parler de conscience en
    ce qui concerne les cinq avènements sensoriels perceptifs. Les cinq objets des
    sens (forme, son, odeur, goût et tact) s’avèrent connaissables (tib. shé
    dja) dès l’instant du contact
    et suffisants pour devenir objet de
    la conscience mentale aperceptive. 
    
Quoiqu’il
    en soit, cette conscience mentale désigne la compétence conceptrice à l’égard
    du connaissable. C’est la conscience
    mentale qui conçoit et la bonne marche de cette conceptualisation dépend si le
    mental est souillé (15) ou non (cf. karma et sahaja). 
    
Cette
    conscience mentale est qualifiée de « sensorielle » du fait qu’à
    l’instant du contact s’en vient une sensation (sct. vedana,
    tib tsor oua) à laquelle j’agrée ou je désagrée.
    Cette conscience mentale est aussi cognitive du fait que l’entendement (sct. sa˙jñā, tib. du shé) focalise (16)
    l’expérience et conçoit alors un agrément ou un désagrément. Pour un mental
    souillé d’illusion, la discrimination corrompt
      ce focus (sct. sa˙, tib. du) en interprétant l’expérience par « c’est
        agréable » ou « c’est désagréable », imputant, d’une part, une caractéristique propre (sct. tsèn ny) à l’objet et  validant, d’autre part, une identité au sujet destinataire. Pour un
        mental non souillé cela relève d’une information (sct. prativijñapti)
        digne de considération pour la raison et le discernement.
  
La
    conscience mentale est le carrefour de toutes les consciences. La compréhension
    de son fonctionnement permet de mieux comprendre le fin mot de la méditation
    bouddhique. Pour cela, je vais décortiquer un moment de conscience auditive en
    prenant le « son du bol ». Voilà ! Je frappe ce bol chantant
    avec ce bâton. J’ai provoqué un choc. Une onde de choc s’ensuit qui se
    manifeste sous forme de vibration. Cette vibration manifeste est à proprement
    parlé l’objet de l’oreille, le seul organe qui a la compétence de traiter cette
    information. L’oreille (externe, moyenne et interne) devient alors base de la
    faculté (tib. ouang tèn) auditive. C’est au contact des trois (faculté, organe
    et objet) accompagnés d’intention et d’orientation mentale que l’aspect sonore
    vient à la conscience et qui forme un connaissable
    pour la conscience mentale. En guise de vibration, le connaissable s’aspecte audible (son) qui donne l’expérience
    d’audition que la conscience mentale atteste par « j’entends ». Cet audible (son) est qualifié d’apparence
    mentale, de phénomène (sct. dharma). C’est en cela qu’il faut comprendre
    l’expression « il n’y a pas de phénomènes en dehors de l’esprit », ou
    « tout procède de l’esprit ». Ne reconnaissant pas la nature du
    phénomène « son », la conscience mentale établit une altérité, une
    objectivité réelle au phénomène. Dans notre exemple avec le bol, si l’on
    observe bien notre premier réflexe à l’audition du son, on se prend à localiser
    le son là où je cogne le bol et qu’il partirait de là pour rencontrer quelque
    chose comme une conscience préexistante. Cela n’est pas tout à fait vrai ni
    tout à fait faux. La manifestation de la vibration provient bien de l’endroit
    du choc, mais le connaissable audible procède de l’esprit. Cette nuance justifie
    la triple nature de l’apparence dans la vue Shentong (Cf. Vues
  bouddhiques).
Les triple nature de l’apparence (sct. Svabhava,
  tib. Ngo ouo Nyi)
Une nature dépendante (sct. Paratantrasvabhava, tib. Shen Gui Ouang), une nature imaginaire
    (sct. Parikalpitasvabhava, tib.
    Kun Tak pa) et une nature parfaitement établie (sct. Parinispannasvabhava, tib. Yong
    sou Droub), sont les caractères (tib.
    Tsen Ny) du connaissable (sct.
    Jneyalaksana, tib. Shé Dja).
Cela veut dire que les apparences ne
    sont  ni réelles ni irréelles. Elles apparaissent en dépendance. Les
    apparences n’illusionnent pas. Elles sont base d’imagination. Les apparences ne
    sont pas illusoires. Elles sont manifestes.
La
    vibration, l’oreille, la faculté, l’intention, l’orientation mentale, le son et
    la conscience auditive, tous les maillons de cette chaîne de production
    interdépendante et relative sont vides de nature propre. Ils sont de nature
    dépendante. Aucune entité ne pouvant être
      connue, la conscience mentale n’a de l’apparence qu’une perception de l’ordre
      de l’idée. C’est la nature idéelle (imaginée) de l’apparence. Réalisant la
      vacuité de ces deux aspects (dépendante et idéelle), on réalise la nature
      parfaitement établie de l’apparence, co-émergence de
  clarté-vacuité. Ces trois natures de l’apparence sont, d’après Asaṅga,  les caractéristiques de tout connaissable.
La conscience mentale et la méditation
Par
    la force de la concentration uni-orientée
    sur un objet mental on arrive à l’enstase (sct. dhyana,
    tib samtèn). Si on aborde
    les samadhis, on en vient à disposer d’une compétence
    de la conscience que l’on nomme « équanimité ». Cette compétence fait
    qu’il y a savoir et qu’il y a absence de discours. Samatha n’est pas à
    proprement parler une méthode de méditation, mais désigne la faculté de la
    conscience qui peut savoir et se taire (cf. Tais-toi)
    c’est-à-dire savoir sans qu’il y ait lieu d’en discuter. Cette faculté en la
    conscience sensorielle mentale renvoie à une sensation de paix.
    
Par
    vipaśyanā, on apporte à ce savoir une intelligence que l’on nomme
    « discernement » qui permet de reconnaître l’alliance du vide (d’entité)
    et de l’apparence ainsi que celle du vide et de la connaissance comme l’énonce
    le credo de la vue du sahaja.
    
Apparence
    et vide co-émergent (nang-tong)
    
Connaissance et
    vide co-émergent (rik-tong)
    
Au contact
    d’apparence et connaissance
    
Toute expérience
    est félicité vide (dé-tong)
  
Le
    chemin de la méditation qui englobe śamatha et
      vipaśyanā
      va au cœur de cette conscience mentale et va permettre de déjouer nos
      illusions. La méditation bouddhique n’entraîne pas des états de consciences
      modifiées, mais amène à modifier notre rapport aux aspects et avènements
      mentaux et à goûter la conscience en sa nature toute ordinaire. C’est en
      changeant notre rapport aux aspects et aux phénomènes que les différentes
      qualités se présentent à une même, unique, ordinaire et native conscience. Ainsi,
      la conscience n’est pas particulièrement par exemple équanime, mais par la
      méditation bouddhique, quand on permet aux apparences de leur laisser le seul sens
      d’apparaître, elles s’avèrent in-discriminables. Cette faculté en la conscience
      sensorielle mentale de laisser aux apparences le sens d’apparaître renvoie à
      une sensation d’équanimité. Ce qui vaut pour l’équanimité est valable pour
      toutes autres qualités. Ces qualités ne sont pas qualificatives de la
  conscience mais elles lui sont conjoncturelles.
Questions : Vous avez parlé de
    sensation agréable ou désagréable, mais qu’en est-il de la sensation
  neutre ?
Réponses : La sensation dite
    « neutre » n’est pas simple à expliquer. Déjà, il faut bien
    comprendre que les objets mentaux sont vides de caractérité (tib. tsèn ny),
    c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’objet qui, par exemple, serait en soi agréable
    et qu’il produirait « fatalement » une sensation agréable.
    Permettez-moi un parallèle avec la bible ; quand Adam et Ève se refusent
    l’expérience de félicité édénique ils vont se tourner vers un objet, en
    l’occurrence une pomme, en espérant qu’il soit en mesure de les informer s’il
    est en soi bon ou mauvais de sorte qu’Adam et Ève soient certains de désirer ou
    repousser en connaissance de cause (cf. désir).
    Malheureusement, la pomme, comme tout objet, n’a pas ce pouvoir. Toutes les
    caractéristiques sont relèvent des cinq agrégats. Réduits à eux-mêmes, le
    couple contre nature finit par percevoir leur nudité impropre.
  
En
    ce qui concerne la sensation neutre, il ne faut pas la confondre au fait de
    décider d’être indifférent à quelqu’un ou à quelque chose. Cette indifférence
    est encore une réaction à une sensation agréable ou désagréable.
Sensation
    « neutre » désigne une inertie de l’agrégat sensation. La sensation
    est inerte. Le terme tibétain « mi yo oua » signifie littéralement « ne bouge
    pas ». Cette inertie est un « suspens » de karma. La conscience
    mentale est en « stand by » plus ou moins long et n’engendre ni
    sensation ni perception. Ce processus de « suspens » est
    particulièrement exacerbé dans les samadhis de śamatha qui vont être entrepris
      dans une vue erronée avec la distorsion (sct. kleśha) de
      l’orgueil / autosuffisance. Cette distorsion recherche une quiétude là où il
      n’y en aura jamais (cf. les cinq peurs) et
      entraîne l’individu à confondre ce suspens de karma avec la félicité et une
      léthargie béate avec le « non-agir (sct. amanasikāra).
      C’est une erreur fréquente qu’il faut savoir déceler en s’interrogeant sur le
      sens de la méditation ou en se faisant aider par un instructeur avisé. Ce
      syndrome de la sensation inerte est la cause qui à maturité entraînera une
      renaissance dans les mondes des dieux avec ou sans forme. Cet orgueil est une
      extension de l’opacité mentale, mais qui plonge l’esprit dans une inconscience
      feutrée, une véritable impasse.
  
La suffisance dans les samadhis, piège l’esprit dans les sphères divines.
Autarcisme béat au comble de
  l’orgueil, nul doute que les dieux répugnent à la chair.
Bouddha de compassion
    infinie, leur déclin les rapprochera des êtres.
Que le mantra du verbe
    secret, résonne la noblesse de la simplicité.
Om Mani Pémé Houng Hri
Extrait de la sadhana
    d’Avalokita
  
2) La
  conscience affectée de distorsions (sct. klesha, tib. nyeun
  mong).
      
Cette
    conscience est la septième dans la classification habituelle des huit
    consciences.
Extrait
  du Acintyabuddhavsiayanirdesa soutra
“Bhagavan : le yogacharya qui cherche la vacuité en
    dehors du désir, l’aversion et la méprise ne rejoint pas le yoga du sens
    véritable. Ce n’est pas le yoga du sens véritable. Pourquoi, Bhagavan, il est impossible de trouver la vacuité en dehors
    du désir, l’aversion et la méprise ? Bhagavan :
  le désir, l’aversion et la méprise SONT vacuité.”
La
    conscience dispose d’une intelligence (17)
    naturelle qui sait le lien opportun
    entre information et fonction en conformité (sct. samaya (18))
    à la Bodhicitta.
    Cette conformité ne répond pas à des critères de perfection ou d’infaillibilité,
    mais constitue notre rapport à soi-même dans sa dimension d’être conscient en
    son principe d’individuation et le devoir de l’assumer. Quand cette intelligence
    est empêchée par l’ignorance et la saisie, chacune de ses modalités ne sait
    plus faire ce lien opportun et sous l’effet de l’illusion prend  l’allure d’une distorsion (19).
    
Contrairement
    à la conscience mentale, cette conscience affectée de distorsions n’élabore pas
    de processus cogital. Elle n’est pas aussi élaborée. Les distorsions dont la
    conscience est affectée font figurent plutôt de « toiles de fond ».
    Les distorsions donnent à la conscience son profil d’arrière fond et les
    inclinations quelles produisent sont d’autant de tentatives à trouver
    satisfaction et à éviter insatisfaction. C’est à ce stade de tentatives et sous
    l’aspect de sensation, perception et réactivité que le jeu des distorsions devient
    connaissable à la conscience mentale. Tout comme les avènements sensoriels font
    l’objet de la conscience mentale, les avènements affectifs font également
    l’objet de la conscience mentale.
3) La
  conscience tréfonds (sct. ālayavijñāna).    
  
Cette
    conscience est la huitième dans la classification habituelle des huit
    consciences.
La conscience tréfonds est l’expression
    la plus subtile de la co-émergence de clarté et
    connaissance. Quel que soit le type de consciences, sensorielles, conceptrice
    ou affective, un continuum sous-jacent de conscience est là qui constitue la
    base de toutes les autres consciences. La conscience mentale souillée
    appréhende cette base (sct. ālaya) avec un sentiment d’entité (20) ce
      qui engendre une double modalité en
        miroir que l’on nomme conscience appropriative (sct. ādānavijñāna) et la conscience résultante (sct. vipākavijñāna. Cette double
          modalité en miroir soutient une
          cohésion karmique entre les imputations et les schémas dans un langage
          systémique beaucoup plus complexe qu’une causalité linéaire (cf. Abhidharmasamuccaya d’Asaṅga).
  
Cette modalité en miroir est un système qui s’auto-organise
    à chaque passage d’une réception et d’une émission, avec rétroaction possible, en
    vertu de la conscience immédiate qui permet une réactualisation des sensations,
    perceptions et conséquences. Ce qui explique les phénomènes de rédemption
    fulgurante par exemple parce qu’on n’a pas besoin de remonter le temps pour se
    déconditionner et se libérer du karma souillé et qui justifie les voies directes
    comme le mahamoudra, le maha-ati.
    Ce système auto-organisé de la conscience n’est pas à l’image d’un système
    judiciaire répondant à une loi transcendante et garant d’un code pénal avec
    distribution de bonus-malus, punition-récompense, rétribution-absolution
    catégorielle. Le karma ne crée pas les évènements, mais la sensation et la
    perception qu’on en a, par lesquelles on justifie une réaction schématique. 
Même voilée par l’ignorance et la
    saisie, ce système fait écho à la Bodhicitta,
    la nature de notre être fondamental. C’est une démangeaison qui se révèle dans
    nos moindres aspirations. La Bodhicitta
    résonne jusque dans nos moments d’inconfort moral, de malaise, de mal-être.
    Doukha est une expression de la bodhicitta. Elle s’immisce dans la conscience
    de nos erreurs et regrets, de nos insatisfactions et souffrances, de nos
    interrogations et déceptions. C’est sous cet angle de vue qu’il faut analyser
    nos distorsions, nos affects et savoir quels rapports on établit avec. Par
    exemple, quel rapport, pour une situation donnée, un regret ou un remords ressentis
    à juste titre prend une tournure de culpabilité (cf. démon
      et roudra).
    
La bodhicitta est notre finalité
    comme une assumance à laquelle on se doit de répondre. Ce sens de la responsabilité
    de conscience conduit l’individu à l’éveil.
4) La conscience (ou mental)
  immédiate
  
En tibétain ce que l’on nomme
    « conscience immédiate » se dit « de ma thag
    pa'i rkyen », traduit
    par « cause de succession immédiate ». Ce n’est pas une modalité
    spécifique de conscience, mais par « immédiat » on désigne le fait
    même qu’il n’y ait pas d’interruption dans le processus de conscience. Il n’y a
    pas de segmentation (tib. ma thag
    pa (21)) ou
    de discontinuité de la conscience. La conscience est un continuum d’expériences
    constamment sollicité d’informations (sct. prativijñapti).
    Il n’existe aucun état de conscience mais que des fonctions et des processus
    autorégulés. L’immédiateté fait que la fonction s’adapte à l’information en
    vertu de la nature même de conscience. En l’état naturel, la connaissance
    s’autoproduit en sa fonction même.
    
Ce
    principe d’immédiateté produit un système d’autorégulation dans le processus
    d’organisation psychique appelé « agrégat samskāra »
    et qui va donner une infinité d’avènements mentaux– allant de la joie à la
    tristesse, de la fierté à la culpabilité, du recueillement au sommeil, de la
    lucidité à la confusion – au seul fait d’être conforme (sct. samaya) à notre Bodhicitta.
    
Le
    Bouddha Sakyamouni nous dit que la finalité des samadhis
    est de vivre pleinement ses sentiments et ainsi de voir la co-émergence
    de colère-amour etc…
On
    ne peut pas être conscient de deux pensées en même temps ou de deux sons en
    même temps. On ne peut pas voir et entendre à la fois, en un même moment de
    conscience. On ne peut pas avoir conscience de deux concepts simultanément. On
    ne peut pas avoir conscience et de la vague et de l’océan pour peu qu’ils
    soient conçus. Par contre, dès lors qu’on s’établit en l’union de śamatha et vipaśyanā et
      que l’on reconnaisse l’unicité de nature de la vague et de l’océan, alors on
  peut connaître leur co-émergence immédiate. 
L’immédiateté est la nature (sct. Sahaja) même de conscience. 
         5) La
  conscience de la vacuité (sct.
  prajñā, tib. shé rab)
      
La
    saisie d’altérité est une tentative (désespérée) de la soif d’existence pour se
    réconforter dans le sentiment d’une identité. La conscience mentale souillée
    d’illusion utilise à mauvais escient sa compétence conceptrice en un soulagement
    cogital qui se traduirait par « puisque j’entends un son donc
    j’existe ». Je reprend l’exemple du son que j’ai
    décortiqué tout à l’heure, mais cela est valable pour tous les connaissables.
    De ne jamais trouver un objet réel relance indéfiniment la soif dans sa
    tentative, ce qui produit le tourment inhérent au samsara, l’existence dans
    l’illusion.
Cette
    conclusion cogital « puisque j’entends un son donc j’existe »
    conforte l’existence d’une nature intrinsèque à chacun des pôles de la triade
    synergique de la cognition : l’objet, le sujet et la conscience.
    L’expression « les trois cercles (tib. kor soum) » illustre cette
    triple saisie. La saisie d’une objectivité propre en l’objet, la saisie d’une
    identité propre en le sujet et la saisie d’une essence propre en la conscience.
    Ces trois cercles sont déjoués par le discernement de la conscience de la
    vacuité (sct. prajñā, tib.
  shé rab) lors de la méditation de vipaśyanā.
La
    compréhension de ces trois cercles et de leur implication dans l’existence
    conditionnée (sct. samsara) donne tout le sens bouddhique de la méditation de śamatha et vipaśyanā.
  
6) La
  conscience immaculée (sct. amalavijñāna).
    
Tous
    les aspects qui viennent à la conscience sont vides de l’objectivité qu’on leur
    prête et n’ont donc aucune incidence sur la nature même de la conscience. Les
    conditionnements et autres souillures sont le fait de notre saisie. Cette
    conscience immaculée est l’instant où co-émergent
    l’indemnité de la conscience avec l’innocence des apparences, leur dharmata.
7) La conscience ordinaire (tib. Tha mal gyi
    Shé pa)
    
Je
    vous propose un chant de Gampopa qui est un
    « Ngo Treu » sur la nature de l’esprit.
« La
    co-émergence (sahaja) est la conscience ordinaire.
Cela
    est sans artifice,
Cela
    est inné (nija),
Cela
    est dharmakaya,
Cela
    est bouddha,
Cela
    est ce qui fait conscience.
Demeurant
    à même la conscience ordinaire
Aucune
    distraction externe ou interne ne pourra nous affecter (22).
    
8) Le mandala de l’esprit
  
Le
    tantrayana contemplatif personnifie les fonctions et les qualités de la
    conscience sous des aspects humanoïdes. Ainsi, les cinq agrégats sont
    représentés sous l’aspect de Bouddha père (tib. Yab) et les cinq éléments sont représentés sous l’aspect de
    Bouddhas mère (tib. Youm). Les cinq couples en union Yab-Youm exprime les cinq sagesses
    que l’on obtient en réalisant la vacuité des cinq distorsions de base. À ces
    cinq couples s’ajoute huit fils bodhisattvas qui correspondent aux huit
    consciences éveillées et huit filles bodhisattvas qui correspondent aux huit
    domaines de ces consciences éveillées.
9) La conscience focale  (sct. samjñā, tib. du shé)
      
C’est l’agrégat
    perception que je traduis volontiers par « entendement ». Les
    sensations offre à la conscience des informations de nature intuitive sous des
    aspects de sentiment ou d’impression agréable ou désagréable. Il y a un certain
    flou artistique et il est nécessaire de faire un focus sur l’expérience
    sensitive. Il est nécessaire de bien comprendre
      que, comme Kant, « construire un concept, c'est représenter a priori
      l'intuition ». Il ne s’agit pas de donner au concept une valeur de vérité
      absolue. Ce qui s’oppose à l’idée même de concept. L’intérêt d’une vue
      conceptualiste c’est de réaliser en le concept la validité qu’aucune réalité
      propre ne peut être attribuée à l’expérience sensitive.
  
Avec l’agrégat perception, la
    conscience use d’une compétence qui est de créer du concept (23) pour
    raisonner et comprendre. Une sensation va pouvoir être traduit par un concept. 
    
Une première erreur consiste à
    ignorer que l’on vient de concevoir. La personne vient de fabriquer une idée sur
    son sentiment mais va prendre le concept comme une réalité de son expérience et
    va se passer de poursuivre le raisonnement. Personne n’échappe à la conception,
    mais certains font fi de raisonnement prétendant qu’ils ne sont pas
    « conceptuel » alors que justement ils en sont prisonniers. Je
    constate souvent ce fonctionnement avec les personnes qui prêtent à des
    sensations le fait de faire l’expérience de l’énergie d’une personne, d’une
    chose ou d’un endroit. Par exemple, on peut se sentir bien en entrant dans un
    temple pour x raisons. À ce moment-là, le concept d’énergie peut venir à
    l’esprit. Ignorant que cela est un concept, une personne va estimer qu’il y a
    réellement de l’énergie dans ce temple qui fait qu’elle la ressent et de dire
    « ouah, on ressent bien l’énergie des prières ». 
En se refusant de reconnaître une
    conception, une seconde erreur consiste à cautionner la discrimination qui s’ensuit. Par exemple, si je me ressens agressé
    par quelqu’un c’est qu’il est agressif. Si je ressens du désir c’est qu’il est
    désirable etc. Certaines personnes ressentent des sentiments (intimidation,
    fascination, émerveillement) envers leur
    Lama ou leur Rinpotché et vont
    projeter sur eux en se persuadant « ils ont bien les qualités puisque je
    les ressens ». Pour peu que vous ne partagiez pas les mêmes sentiments cela
    est interprété comme une preuve que vous êtes un impie.
    
Le raisonnement, le discernement et
    la compréhension sont les seules armes contre la stupidité, la discrimination
    et l’intolérance. Le sentimentalisme moralisateur est la base du
    fondamentalisme.
1. Habituellement traduit par "sagesse", j’opte pour "intelligence" pour mettre l’accent sur le lien qui s’opère entre l’esprit et le phénomène. 1-Intelligence du dharmadhatou : Elle tire plénitude de la nature inconcevable et inengendrée du phénomène. C’est l’aspect pur du klésha ignorance/opacité mentale. 2-Intelligence semblable au miroir : Elle tire instantanéité et clarté de la co-émergence. C’est l’aspect pur du klésha répulsion/aversion. 3- Intelligence de l’équanimité : Elle tire épanouissement de l’équanimité pour tout phénomène. C’est l’aspect pur du klésha orgueil/autosuffisance. 4- Intelligence du discernement : Elle tire jouissance de la distinguabilité de chaque phénomène. C’est l’aspect pur du klésha désir/attachement. 5- La sagesse toute accomplissante : Elle tire opportunité de toute action sans espoir/crainte. C’est l’aspect pur du klésha frustration/adversité..
2. Conscience (sct. vijñā, tib nam shé). Du latin conscientia composé du préfixe con (avec) et de scientia (sct. jñā), le latin scientia comprenant le verbe scire (savoir)
3. Cela pour faire écho à l’expression d’Husserl : « Toute conscience est conscience de quelque chose ».
4. Cela peut être rapproché avec la notion d’intentionnalité d’Husserl.
5. La locution prépositionnelle avec est employée pour décrire sans ambiguïté que deux fonctions sont distinctes (discernables), en l’occurence le phénomène et la science (gr. gnose).
6. Intelligence. Dérivé de intellĕgĕre (« discerner, saisir, comprendre »), composé du préfixe inter- (« entre ») et du verbe lĕgĕre (« cueillir, choisir, lire »). Ainsi, j’emploie expressément le terme Intelligence comme une aptitude à établir un rapport entre conséquent d’un avec.
7. L’aspect (tib. nam) est l’expression de l’apparence (tib. nang). Par exemple la couleur rouge n’est pas une entité objectivement réelle. Elle est une apparence qui au gré de circonstances s’aspecte diversement. À noter que Vairocana en tibétain se dit Nam par Nang Dzé ce qui veut dire « Faire apparaître en tant qu’aspect », bien entendu, en vertu de la vacuité d’entité.
8. « Le bon sens est la chose la mieux partagée car chacun pense en être si bien pourvu, que même ceux qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont. En quoi il n'est pas vraisemblable que tous se trompent ; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger, et de distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tout homme ; et qu'ainsi la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est l'appliquer bien. » Descartes, Discours de la méthode, (1637)
9. Dans le cas où l’esprit est dans l’ignorance et ne reconnaît pas la nature de sagesse de ces distorsions (sct. klesha, tib. nyeun mong).
10. Le Principe de Polarité : « Tout est Double ; toute chose possède des pôles ; tout a deux extrèmes ; semblable et dissemblable ont la même signification ; les pôles opposés ont une nature identique mais des degrés différents ; les extrèmes se touchent ; toutes les vérités ne sont que des demi-vérités ; tous les paradoxes peuvent être conciliés. » (Extrait du Kybalion, les sept principes de l’Hermétisme basés sur les enseignements d’Hermès Trimegiste).
11. Le contact est le sixième des douze facteurs mentaux interdépendants.
12. Le tibétain « kyé tché » est habituellement traduit par « domaine d’extension », le cinquième des douze facteurs mentaux interdépendants.
13. Co (cf. chapitre “intention ou intentionnalité”).
14. Cf. Les cinq processus cognitifs.
15. Les quatre souillures : l’idée d’entité (sct. satkāyadṛṣṭi), l’orgueil de soi (sct. asmimāna), amour du soi (sct. ātmasneha) l’ignorance (sct. avidyā).
16. Par ce terme je tente de traduire le processus de convergence cognitif que relate le sanscrit sa˙ et le tibétain du et que l’on retrouve dans les suffixes con ou in (vers). Ce processus sous-tend la préhension mentale pour acter une com-préhension, un en-tendement. C’est la présence ou non de la saisie erronée d’une entité qui suscite à cette compétence cognitive la discrimination ou le discernement.
17. http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/intelligence/61883
18. Dans le vajrayana, l’élève s’engage avec le Dorjé Lopeun en une vue conforme à la nature de l’esprit. Cet engagement s’appelle samaya (tib. Dam Tsik). La nature primordiale de l’esprit étant sans discrimination, le yogacharya s’engage dans une vue et une conduite conforme à cette nature.
19. J’ai choisi de traduire klesha par distorsion plutôt que par émotion dont l’acception familière peut prêter à confusion.
20. Lors de réminiscence d’enfance, on peut faire l’expérience de se sentir le même tout en sachant avoir changer. C’est une intuition du continuum de cette conscience de base. Même (ipséité) sans identité et devenant sans altérité.
21. Le texte tibétain en phonétique wilie : lhan cig skyes pa ni tha mal gyi shes pa yin/ de ma bcos pa yin/ de gnyug ma yin/ de chos sku yin/ de sangs rgyas yin/ de ngo shes par byed pa yin/ tha mal gyi shes pa rang gar bzhag pas/ phyi nang gi g.yeng bas mi gnod pa yin no//
22. Le terme concept vient du latin conceptus qui signifie « contenir, tenir ensemble », dérivé du verbe concipere signifiant « concevoir ». Ce qui rapproche finalement du terme “dharma” (cf. Chapitre : Définitions clefs)
23. Selon certaines classifications, il est dénombré 20 vacuités. Cf. Soleil de Sagesse (Éditions Yogi Ling).